Entre réflexion économique et perception politique : Décryptage du discours de Said Ahamada et de ses implications pour les Comores

L’Université des Comores a organisé une conférence passionnante ce lundi 7 avril 2025 dans le cadre des célébrations du 50e anniversaire de l’indépendance du pays. Sous le thème ‘L’évolution des relations internationales : Quelle place pour les Comores ?’, cette rencontre a offert un espace pour réfléchir aux enjeux géopolitiques, économiques et technologiques auxquels le pays doit faire face dans le contexte mondial actuel. L’intervenant principal, M. Said Ahamada, Directeur Général de l’Agence de l’Outre-Mer pour la Mobilité (LADOM) et ancien député de l’Assemblée nationale française, a défendu une thèse centrale : toutes les relations internationales sont avant tout guidées par des intérêts économiques. Selon lui, les États-Unis, comme d’autres puissances mondiales, privilégient leurs propres intérêts économiques dans leurs relations extérieures. Il a exhorté les Comores à se concentrer sur leur développement interne, soulignant que personne, pas même la diaspora, ne pourra les aider à se développer s’ils ne prennent pas eux-mêmes en charge leur avenir économique ( ce que je considère comme une stricte vérité)

Cependant, les propos de M. Ahamada ont été détournés par certains sur les réseaux sociaux, où il a été accusé à tort de reconnaître implicitement que l’île de Mayotte faisait partie de la France. Cette accusation a fait l’objet d’une forte réaction de l’Université des Comores, qui a jugé ces interprétations infondées. En effet, plusieurs activistes et commentateurs ont confondu l’homme politique, M. Said Ahamada, et l’intellectuel qu’il incarne dans un cadre académique, où il développait une thèse économique sans intention politique sur la question de Mayotte.

Ce qui est encore plus préoccupant, c’est l’absence d’une réponse mesurée de la part du ministre, qui semble avoir agi sur la base de pressions externes, en particulier des activistes sur les réseaux sociaux, plutôt que sur des analyses objectives. Les activistes, bien qu’importants dans le débat public, ne devraient pas être le principal guide des décisions politiques, surtout lorsqu’il s’agit de questions aussi sensibles que celles de l’éducation et des relations internationales.

Il est aussi dommage que l’Université des Comores, qui a mis en place un cadre scientifique pour accueillir des personnalités extérieures et enrichir ses travaux académiques, se retrouve prise entre des tensions politiques et des critiques publiques. Il est évident que le ministre n’a pas pris en compte l’impact potentiel de ses déclarations sur l’institution qu’il est censé soutenir et défendre. En effet, les autorités universitaires semblent avoir été plus enclines à défendre la rigueur intellectuelle et le respect des intervenants, comme le montre leur communiqué de presse.

Une conférence donnée par un intellectuel à l’Université des Comores, ou dans tout autre cadre académique, est souvent conçue pour un public plus spécialisé, qui peut comprendre les enjeux soulevés, analyser les arguments avancés et les mettre en perspective. Ce type de discours n’est pas destiné à tout le monde, et il n’est pas toujours accessible à ceux qui n’ont pas de formation académique ou qui ne sont pas familiers avec les concepts abordés. Cela ne signifie pas que l’on doive exclure les gens de tels débats, mais plutôt que des efforts doivent être faits pour préparer le public à ces discussions. Le rôle des institutions, y compris celui des ministères et des universités, est d’aider à créer un environnement où l’analyse critique et la compréhension des enjeux intellectuels sont encouragées.

Il est aussi important de rappeler que la critique constructive d’un discours académique doit être fondée sur une véritable compréhension du sujet. Dans ce cas précis, la confusion qui a pu surgir, notamment autour des propos de M. Ahamada, semble illustrer cette déconnexion entre le niveau de complexité du discours et la capacité de certains à en saisir toute la portée. Au lieu de critiquer de manière impulsive, il serait plus productif de favoriser l’éducation et la réflexion critique, afin que chacun puisse comprendre, analyser et interpréter des discours comme celui-ci de manière plus éclairée.

En somme, il est essentiel que tout le monde accepte ses limites en termes de compréhension des enjeux intellectuels et académiques, tout en reconnaissant l’importance de créer un environnement où ces discussions deviennent plus accessibles et compréhensibles pour un public plus large.

Ce que subit aujourd’hui notre frère SAID AHAMADA ne va pas attirer d’autres frères et sœurs de la diaspora ou même des intellectuels de la région à venir se prêter au même exercice. L’hostilité et les malentendus qui se multiplient risquent de dissuader d’autres personnalités intellectuelles ou scientifiques de venir partager leur expertise et leurs expériences dans un cadre aussi important que celui de l’Université des Comores. Il est essentiel de préserver un climat de respect et de dialogue constructif pour encourager les échanges intellectuels et enrichir le débat public.

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