Qu’est ce qui se passe à la maternité d’Elmaarouf ?  elle serait devenue un cimetière qui ne dit pas son nom

En 2020, envirron 287 00 femmes sont décédées pendant ou après une grossesse ou un accouchement. Près de 95 % des décès maternels, dont la plupart auraient pu être évités, selon l’OMS, sont survenus dans les pays à revenu faible ou intermédiaire en 2020 . Selon toujours l’OMS, à la même période  les décès par Conditions maternelles en Union des  Comores ont atteint 47 ou 1.04% des décès totaux. Ils étaient de 8 à Maurice et de 3 aux Seychelles à la même date..

Quand on sait que les indicateurs de la mortalité font partie de ceux de l’état du bien-être de la population et traduisent le niveau de développement sanitaire dans la mesure où les niveaux de la mortalité fournissent les éléments de la composante négative de l’accroissement de la population. A ce titre, les autorités des pays surtout en développement travaillent d’ arrache-pied pour une baisse très significative de ce taux. A Maurice le taux est passé de 0,64 en 2020 à 0,58 en 2021 et à 0,36 en 2022.

En 2020, sous la supervision de l’éminent intellectuel Dr Ahmed Ouleid, j’ai été chargé de réaliser une « évaluation rétrospective des programmes d’appui au secteur de la santé aux Comores (PASCO1 et PASCO 2). Plus de dix centres hospitaliers étaient concernés par cette étude. Je peux citer entre autres ceux de Mitsamihuli, Foumbouni, Mbeni, Hombo, Domoni et Fomboni. Et dans tous ces centres, j’avais noté un taux de mortalité maternelle quasi nul ;  ce qui devait réjouir tout chercheur et surtout Comorien. A travers ces résultats très positifs j’avais fait la conclusion selon laquelle  «  notre système de santé est très développé si dans les centres hospitaliers périphériques le taux de mortalité maternelle est quasi nul ; sauf que ma conclusion était précipitée pour la simple raison que mon étude n’avait pas intégré le centre hospitalier elmaarouf, qui, selon les autorités gouvernementales deviendra d’ici peu un centre hospitalier universitaire. Ceux qui ne comprenaient pas pourquoi les centres hospitaliers de Mbeni, de Fomboni attirent plus de femmes enceintes que celui censé être le meilleur du pays peuvent trouver une explication ici.

Je sais qu’aux Comores les chiffres ne signifient pas grand-chose mais la société civile devrait exiger la publication par les autorités sanitaires de la liste des femmes enceintes mortes à Elmaarouf  durant ces dix ou cinq dernières années. Croyez-moi, ces chiffres seraient alarmants. Combien de fois par mois on entend la phrase : « elle voulait accoucher, elle est morte. En 2025, soit à cinq ans de l’émergence PROMISE PAR Colonel Azali, c’est vraiment dégoutant et brise nos cœurs.

Un peu d’humanité chères autorités : on n’est pas en 1960. Certes, selon l’Organisation Mondiale de la santé, une femme meurt toutes les deux minutes dans le monde de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement mais cela se passe généralement dans des régions en guerre ou dans des régions qui refusent le développement de la médecine moderne. Pas aux Comores quand même.

Et si je vous donnais la cause immédiate de cet article.

On est le 30 mars 2025 à 08H30, heure des Comores. Alors qu’on est à la veille de l’Aid el-fitre je reçois ce SMS de la part d’une de mes meilleures amies : « Bonjour Mistoihi, je t’annonce le décès de ma grande sœur, ton amie Sitara MOHAMED SAID. Elle est morte à Elmaarouf alors qu’elle voulait accoucher. L’enfant non plus, n’a pas survécu. Alors que je devais avoir le courage de consoler mon amie Fatima MOHAMED, je me suis trouvé effondré. A Fatima d’ajouter : «Billahi, ELMAAROUF est devenu un endroit de fin de vie au lieu de redonner vie. Il faut que cela cesse. C’est très difficile à avaler. En attendant que les autorités prennent les dispositions nécessaires, nous devons être tous prudents : quelque chose passe à Elmaarouf.

Comment est-il possible que le centre hospitalier national enregistre plus de décès maternels que dans tout autre centre hospitalier du pays. Quelque chose s’y passe et elle doit être décryptée. Est-ce qu’on y tue volontairement ou par erreur ?   Peu importe la raison çà doit cesser. Sans doute, chacun de mes lecteurs connait au moins une femme morte à Elmaarouf parce qu’elle voulait y accoucher . C’est pour dire que le cas de cette douanière, n’est pas isolé. Et n’oublions pas que à chacun son tour. Si nos femmes sont obligées d’accoucher qu’on leur trouve des lits, loin d’Elmaarouf devenu un cimétière qui ne dit pas son nom.

A travers cet article je fais appel à la famille de Mme Sitara Med Said, ses amies et ses collègues de travail pour se joindre à moi afin de demander justice à Sitara et à toutes ces femmes mortes à Elmaarouf dans les mêmes conditions à travers une Association « justice pour Sitara» ; nous n’avons pas besoin de réparation financière mais plutôt de savoir pourquoi elle est partie si vite et dans des conditions douloureuses. Les familles et proches d’autres victimes peuvent se joindre à nous pour réclamer justice à toutes ces victimes. Pour permettre à toutes ces familles de faire leur deuil, on doit nous aider à comprendre ce qui s’ y passe.

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