50 ans d’indépendance, le temps des bilans : et si on changeait de stratégie en prônant le développement par le bas !

L’année 2025 marque le cinquantenaire de l’indépendance des Comores. Un demi-siècle d’autonomie politique et de défis économiques. Alors que les grandes célébrations prennent place, une question centrale émerge : quel bilan peut-on faire de ces cinq décennies ? Malgré les efforts consentis, de nombreux indicateurs restent préoccupants, notamment en matière de développement économique et social. C’est dans ce contexte que l’idée de revoir notre modèle de développement prend tout son sens. Et si, pour les prochaines années, nous changions de stratégie en prônant un développement véritablement participatif, en partant des besoins et des initiatives locales ? Mais cela nécessite aussi de changer notre perception du rôle de l’État et de cesser de considérer que la corruption et la dictature sont les seules causes des blocages économiques.

Le bilan : une indépendance en quête de croissance

Les Comores ont obtenu leur indépendance en 1975, après des décennies de colonisation. Les espoirs étaient grands, portés par la volonté de construire un État souverain et de renforcer les infrastructures pour soutenir la croissance. Mais force est de constater que l’archipel a été confronté à de nombreux défis : instabilité politique, absence de cohésion entre les îles, et une économie largement dépendante de l’aide internationale. Aujourd’hui encore, les secteurs clés comme l’agriculture, la pêche, et les infrastructures peinent à décoller, freinés par un manque d’investissements et de vision à long terme.

Un développement top-down : les limites d’une stratégie verticale

Traditionnellement, les politiques de développement ont suivi un modèle top-down, où les décisions sont prises au niveau central et imposées aux territoires. Bien que ce modèle ait permis quelques avancées, il a aussi montré ses limites. Les projets, souvent éloignés des réalités locales, échouent à prendre en compte les spécificités de chaque île. Ce système de ‘planification à distance’ s’est parfois traduit par un manque d’implication des populations dans les décisions qui affectent leur quotidien. Mais la véritable question demeure : pourquoi ne pas s’interroger sur le gaspillage systématique de l’argent par certains citoyens, qui considèrent souvent les finances publiques comme une source inépuisable, au lieu de s’impliquer dans des projets de développement portés par les autorités ? Si nous prônons un modèle où l’argent est mieux géré, où les ressources sont investies dans des projets durables au niveau national, la transformation peut réellement venir d’en haut.

Le développement par le bas : une nouvelle voie à explorer

Il est temps de changer de paradigme. Plutôt que d’imposer des solutions venant d’en haut, pourquoi ne pas privilégier un développement par le bas ? C’est-à-dire, faire émerger des initiatives locales, en impliquant directement les communautés dans la définition de leurs besoins et la mise en œuvre des solutions. Ce modèle, qui repose sur la participation active des citoyens et des acteurs locaux, pourrait redonner du sens à la politique de développement. Cependant, il ne faut pas oublier que la véritable réussite du développement ne viendra pas uniquement des initiatives locales, mais aussi d’un cadre politique et économique soutenu par un gouvernement stable. La corruption, la dictature et le favoritisme existent aussi dans les pays dits développés. Ce n’est donc pas cette réalité qui est un frein au développement, mais la capacité à gérer et à orienter les ressources de manière cohérente et responsable.

4. La décentralisation et le manque de valorisation des communes

Quand on observe les profils des candidats présentés par les partis politiques lors des dernières élections communales, on se rend compte à quel point nos leaders politiques ne donnent aucune valeur aux communes et à l’idée même d’une décentralisation administrative. Si les communes sont vues uniquement comme une étape pour accéder à des postes nationaux, sans leur accorder de réels pouvoirs ou moyens d’agir, cela témoigne d’une dévalorisation de l’autonomie locale. La décentralisation, pourtant un pilier essentiel pour un développement équilibré, reste encore trop souvent un concept théorique. Le rôle des communes devrait être crucial dans la mise en œuvre de politiques publiques adaptées aux spécificités locales. Pourtant, la réalité politique montre que les élections communales sont souvent perçues comme secondaires. Les candidats manquent de vision pour transformer véritablement les communes en moteurs de développement. Il devient donc indispensable de repenser ce modèle, en donnant aux communes une véritable place dans la gouvernance locale et en soutenant les initiatives des élus locaux.

La nécessité d’une décentralisation effective

Pour que ce modèle fonctionne, la décentralisation administrative et politique doit être renforcée. Les collectivités locales doivent être dotées de plus de pouvoirs et de ressources pour qu’elles puissent pleinement assumer leur rôle dans le développement de leur territoire. C’est là une véritable réforme de fond qui doit accompagner l’idée de développement par le bas. Le gouvernement et le président de la République doivent jouer un rôle déterminant dans cette transformation, en orientant les financements et en donnant les moyens aux autorités locales d’agir pour le bien-être de la population.

une vision renouvelée pour les 50 prochaines années

En ce 50e anniversaire de l’indépendance, il est plus que jamais nécessaire de repenser notre stratégie de développement. Le changement passe par un engagement plus fort envers une gouvernance participative, où chaque Comorien, qu’il soit citoyen ou entrepreneur, pourra avoir un impact tangible sur son environnement. Le développement par le bas, centré sur les réalités locales, offre une voie prometteuse pour les Comores. À nous de saisir cette opportunité pour bâtir un avenir plus solidaire, durable et prospère.

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