Quand je critique le Grand Mariage aux Comores, ce n’est pas uniquement pour son aspect financier. L’argent que j’ai utilisé, par exemple, pour acheter mon dernier véhicule ou envoyer mon fils en vacances en Tanzanie, aurait largement suffi pour financer un Grand Mariage. Mais au-delà de la question économique, je dénonce un système profondément dangereux, dont l’un des piliers est le système judiciaire coutumier.
Aux Comores, la justice est d’abord villageoise. Elle est exercée par des personnes ayant accompli le Grand Mariage, peu importe leur niveau d’instruction ou leur capacité de raisonnement. Dans ce système, ceux qui crient le plus fort deviennent les influenceurs de la justice locale. Les décisions rendues par cette justice coutumière sont loin d’être objectives ; elles ne reposent ni sur une base juridique, ni sur une base religieuse solide.
Le pire, c’est que des sanctions peuvent être infligées à des innocents simplement en raison de leur appartenance familiale. Le système est ainsi utilisé pour régler des comptes personnels, sans la moindre garantie de justice équitable. Comment peut-on bannir une famille entière de cent personnes pour une faute commise par un seul individu ? Cela va à l’encontre même des principes divins : dans le Coran, Allah dit qu’aucune âme ne portera le fardeau d’une autre.
Honte à nous, honte aux diplômés qui, en 2025, continuent à légitimer ce type de justice archaïque, dominée par des individus souvent analphabètes et facilement corruptibles.
Jusqu’à quand allons-nous continuer à faire des victimes dans nos localités, en laissant prospérer un système qui méprise les droits fondamentaux de l’homme ?
Il est temps de choisir : avancer avec une justice moderne, équitable et respectueuse des droits humains, ou rester prisonniers d’un système d’injustice coutumière qui détruit notre tissu social.